note Jean-Claude Barbier, préparée le 11 décembre 2016 pour le séminaire de formation des unitariens à Kigali du 16 au 23 décembre 2013 ; suite de l'article précédent ( lien).
1° - depuis l’édit transylvain de Torda en 1568, nous affirmons la liberté de penser et d’expression ; et donc le vécu démocratique dans nos sociétés civiles et nos communautés.
Le théologien hongrois anti-trinitaire Ferencz David, alors chapelain à la cour du roi Jean Sigismond, lors de la "dispute" de Torda
2° - à la suite d’un Michel Servet, nous estimons que les discours métaphysiques doivent être confrontés à leurs propres sources (voir son ouvrage principal : la Restitution du christianisme) afin de ne pas connaître une dérive inflationniste.
Pour nous, chrétiens, lire les évangiles et le Nouveau testament afin de mieux comprendre Jésus et son mouvement, et non pas de se contenter de résumés, d’extraits ou encore de ce que l’on en dit ici et là.
Mais, ce n’est pas toutefois la ‘Sola Escritura’ car nous ne sommes pas des fondamentalistes ! Ces textes doivent en effet être lus à la lumière des progrès historiques et archéologiques contemporains.
3° - à la suite d’un Faust Socin, nous tenons compte que l’homme est un être doué de raison et qu’il peut donc – et doit - critiquer les corpus religieux en faisant le tri entre les faits historiques et les élucubrations métaphysiques irrationnelles (en ce qui concerne le christianisme, le Péché originel, le sacrifice rédempteur de Jésus, etc.).
A noter que c’est ici un point de désaccord avec la tradition anglo-saxonne qui se refuse à toute critique des religions au nom de la liberté de penser (comme par exemple l’unitarisme-universalisme américain).
4° - nous nous accordons sur un credo minimaliste : pour les chrétiens unitariens, la croyance en l’existence de Dieu (avec le « D » majuscule du monothéisme radical et universel), et l’adhésion à la personne de Jésus (car nous l’aimons) et à son enseignement (car il nous inspire).
5° - nous établissons la distinction entre ce qui est objectif (par exemple le dogme trinitaire n’est pas dans le Nouveau testament et les anti-trinitaires du XVIème siècle avaient bel et bien raison sur ce point), et ce qui relève des choix personnels au niveau des opinions. Ceci s’applique bien entendu en premier aux prédicateurs.
6° - les fidèles sont invités à tenir compte des connaissances scientifiques pour l’étude des livres bibliques (une exégèse post-confessionnelle), pour savoir qui fut réellement Jésus (le Jésus de l’Histoire et non celui des métaphysiciens), pour mener une réflexion sur Dieu à partir des progrès actuels de l’astronomie (ce qu’on peut appeler le Dieu du big-bang, un Dieu universel, le même pour tous indépendamment des religions particulières, créateur non seulement de notre espèce humaine, mais de tout l’univers). Voir la revue ‘Le monde de la Bible’.
7° - nous faisons la distinction entre les engagements communautaires précisés lors de synodes ou d’assemblées générales, et ceux personnels des fidèles (qui relèvent de leur propre liberté de penser dans les limites du vivre ensemble).
8° - La laïcité nous fait en plus le devoir de séparer la religion de la politique. L’éthique civique que nous devons promouvoir s’arrête à la morale et aux valeurs à défendre, mais ne doit pas empiéter sur le rôle propre des partis politiques qui est d’élaborer des programmes d’action. Jésus est à l’origine de cette laïcité lorsqu’il dit « rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ».
9° - le choix d’une religion, d’une Eglise, d’une communauté spirituelle ou religieuse ne doit pas occulter la possibilité d’autres choix tout aussi valables. On choisit parce que l’on aime et parce que cela nous sied et non pas parce que notre appartenance équivaudrait à détenir la Vérité (alors que les autres seraient dans l’erreur). D’autant plus que les choix d’appartenance ne se font pas toujours sur des critères théologiques car entre souvent en compte la proximité du lieu de culte, les relations familiales et sociales, la personnalité du ministre du culte, le style et l’ambiance des assemblées, etc.
10° - Nous pratiquons un christianisme non exclusif des autres Eglises et des autres religions (apport très important de l’unitarisme-universalisme en ce sens). Gandhi disait que chacun veille à vivre sa propre religion dans l’excellence. Pour le protestant libéral Théodore Monod (savant biologiste qui se disait chrétien pré-nicéen), chacun monte la même montagne à sa façon, selon son propre rythme, selon le chemin qu’il choisit ; mais c’est pour rencontrer au sommet le même dieu, le Dieu universel.